Je pose enfin le pied en Indonésie pour ce nouveau voyage dans l’inconnu. Une escale de quelques heures seulement dans l’aéroport de Jakarta, sous l’air conditionnée, climatiseurs à fond. Je ne me rends pas encore compte que je quitte tout ce que je connais, tout ce auquel je pouvais me raccrocher, et que j’arrive sur une presque nouvelle planète, toute seule, avec mon gros sac à dos et ma petite guitare.
Je n’ai senti l’air brulant sur ma peau qu’au moment de rejoindre le petit avion pour Denpasar, Bali, entre l’escalier et la passerelle. J’ai eu d’un seul coup la sensation d’être plongée dans ce sauna norvégien où j’aimais passer des heures pour me réchauffer de l’été frileux qui passait sur les fjords juste quelques mois auparavant.
Me voilà au dessus de Bali. Un gros caillou passe au dessus des nuages, le volcan qui fait des siennes depuis plusieurs jours, mais qui s’est calmé juste pour me laisser envahir son île aujourd’hui. J’ai une impression bizarre quand je vois le paysage grossir à l’atterrissage de mon avion. Ici il y a des champs et des alignements de toits de tôle. Il y a des palmiers et des cocotiers, et des pistes, pas des routes. Quel dépaysement. Il me faut plusieurs jours pour m’habituer aux chiens errants, aux poules qui courent en tous sens, aux vaches au milieu des habitations et surtout à la circulation inversée et obéissant à l’unique loi du plus fort.
J’habite d’abord tout au sud de l’île, dans une famille de Java. Ils me prêtent leur scooter, mais je ne ferai que quelques kilomètres avec, histoire d’avoir essayé. Je ne m’imagine pas traverser cette jungle urbaine toute seule. Toutes les rues sont les mêmes, emplies de motos, de vaches, de coups de klaxon, de mamies paniers sur la tête, et de familles à scooter, sans casque, avec le petit dans le dos et le chien devant. Je fais quelques visites, goûte quelques spécialités locales, me gave de fruits frais et de plages.
Puis j’arrive à Ubud. Cette ville, capitale culturelle et ésotérique de Bali, deviendra mon fief. De là, je loue ma propre bécane, et avec ma bande nous sillonnons l’ile à la découverte des rizières, des temples, des restaurants typiques, des plages avec des petits poissons, des grandes cascades, des jungles et des manguiers sauvages. Je m’y sens comme les pieds dans l’eau et quand je quitte enfin la ville pour un petit tour sur l’ilot de Gili air, je reviens vite, tombée en amour pour cette ville, ses quelques expats, ses centres de yoga et de méditation, ses soirées calmes, loin des fêtes agitées de Kuta, cœur du folklore “Australiens en vacances”.
Quand après 3 semaines, je quitte à nouveau Bali pour l’aventure, j’ai le cœur lourd, laissant derrière moi un vent de liberté affronté à 50 km/h le long des routes sauvages de cette île pleine de traditions inviolables mais aujourd’hui peut-être un peu trop envahie de touristes…