Nous serons deux filles sur les routes, à traverser l’Amérique pendant 3 mois, à la rencontre des habitants, du rêve américain, de la Grosse Pomme, de la douceur du bon temps qui roule, des indiens de la grande vallée, des pueblos du Nouveau Mexique, de la ville d’or qui ne dort jamais, de la cote ouest et son été sans fin, de la ville aux collines domptées par le bitume.
Le rendez-vous s’est pris à l’été 2013 et constitue un premier voyage au long-court pour lequel j’ai tout laissé derrière une première fois, avec l’insouciance du débutant. Je vous propose ici de découvrir ou de redécouvrir quelques éclats de ce pays-continent.
Après un passage par New York, nous embarquons pour la Nouvelle Orléans et traversons le pays jusqu’à San Francisco en voiture de location. Voici le tracé de notre itinéraire.
New York
Je garderai toujours en mémoire cette phrase de notre hôte : « New York me donne tant, mais me prend toujours plus ».
Une première escale en 2012 m’avait déjà convaincue que New-York est une ville cosmopolite et originale, qui vaut le détour. C’est un lieu de passage pour des populations hétéroclites, venues du monde entier pour installer un peu de leur culture dans un des nombreux quartiers qui font de cette mégalopole un reflet du monde en miniature. A ne pas s’y tromper, New York est, avec Las Vegas, la seule ville des USA qui ne dort pas. Il y a toujours quelque chose à faire, à toute heure, et on peut y trouver n’importe quoi, il n’y a aucune limite.
Nous y passerons près d’un mois, entourées par des amis expatriés qui sauront nous accueillir dans un Manhattan bercé par la foule et le billet vert. Nous avons eu la chance de pouvoir y vivre ces quelques moments comme des locaux, et vivre des aventures qui sont souvent réservées aux habitants plus aisés.
Entre comédie musicale, statue de la liberté, club de jazz, strip club cosy, bar tendance, shopping sur la 5e avenue et coucher de soleil sur Brooklyn, nous avons bien su profiter de la Grosse Pomme.
De manière générale, New York est une ville de la démesure. Pour en profiter pleinement, il faut la vivre à fond. C’est la ville de toute les libertés, et bien loin du reste de l’Amérique, elle fait une assez belle jonction avec l’Europe, et pour certains coins, l’Asie ou l’Afrique. On trouve tout et tout le monde à New York, tout est possible, et beaucoup y donnent tout.
Quelques adresses incontournables si vous passez par là :
– Levain Bakery, les meilleurs cookies de New York, et peut-être du monde : l’adresse : 167 West 74th Street, n’hésitez pas
http://www.levainbakery.com
– avec vos cookies en poche, allez faire un tour juste à côté, à Central Park pour les manger au milieu de la nature, au chant des oiseaux, donner quelques miettes aux écureuils et autres ratons-laveurs.
– A second chance, une boutique de 2e main de luxe avec des articles de haute couture à prix cassés. C’est amusant de mettre son pied dans une Louboutin, sisi
http://www.asecondchanceresale.com
– Monter sur le toit du Rockfeller center pour voir la ville d’en haut. Bien moins cher et moins touristique que l’Empire state building, et avec une vue superbe sur … l’Empire state building
– Faire une promenade le long de High Park Line, une ancienne voie ferrée transformée en jardin qui longe le centre de Manhattan et donne un bel aperçu de la ville
– visiter la New York public library au croisement 5e avenue et 42e street, et finir dans le Bryant Park un jour de pluie.
– (ne pas) nourrir les écureuils de Madison square park et les prendre en photo
Mais aussi, le pont de Brooklyn et Brooklyn, SOHO, Harlem (et une messe gospel), Greenwich village, Chinatown, …
NOLA pour les intimes
Il est impossible de prendre des photos ici… Le temps défile tellement vite devant toi, et chaque instant semble si unique. Les rencontres s’enchaînent et sont simples et agréables, les gens sont tous fascinants, ils ont tous gagné des Grammys ou vendu des tableaux incroyables. Et la musique ne s’arrête jamais. Ce soir nous avons été dans un bar où le chanteur ukrainien a emporté la salle dans une vague de swing et de musique de l’est emmagasinées sous le toit de chaume si fragile de ces petites bicoques colorées alignées le long des rues noires de monde. Puis tout se continue dans la rue. Les voisins n’habitent pas ici. Ils sont tous parti plus loin. Il y a un espace pour chaque instant.
Un instant, nous avons mangé mexicain en buvant des frozen margueritas au flying burrito et refait le monde avec la serveuse, avec Josh et son ami Brian, qui sortait d’une pochette surprise comme la reine d’Angleterre l’aurait fait de la Tamise. Il a suffit qu’il ouvre la bouche pour que l’anglais soit cette langue que l’on utilise pour se dire tant de choses qu’on ne peut se dire normalement. Nous avons tant échangé ce soir, que je ne saurais raconter comment on a pu s’en arrêter.
A ce moment précis, entre deux caméras et Dieu, nous avons été jouer quelques morceaux chez Brian pour créer le show que nous présenterons demain après midi dans les rues du French Quarter, un peu comme si de mardi où nous rencontrions nos premiers musiciens de rue, nous étions passées vendredi à ceux qui animent le touriste avec de la song à donner au plus offrant.
Puis le temps de retrouver le Frenchman street barathon, une bière ou deux au 13 avec le test du cube et de l’échelle, puis notre fameux ukrainien, avec la question sur le sens de la vie à laquelle on ne peut répondre, puis Margerie, et cette maison indescriptible, qui sentait à la fois la liberté et le chaos. Une pièce vide, avec cet escalier de colimaçon en métal qui monte vers, on l’espère, un espace plus habité. Au milieu, une batterie, deux pianos et plusieurs claviers, et dans le fond, une longue table, avec un bougeoir et des cloches de verre remplies de fleurs. Un jeune homme gouffa sur la tête, que tout le monde dans la ville connait, et celui qui nous accueille qui semble manquer de drogue, fument un pur, puisqu’ici c’est comme ça qu’on les fume, et nous parlons de l’Amérique, en français, avec Margerie, pour changer, pour expliquer en native ce que sont les USA pour nous, pour retourner vers nos racines peut être. Plus tard, le jardin, derrière la maison, avec ses goldfish, et ses plantes tropicales, où nous ne terminons jamais le jeu du chien qui dort dans mon… et où deux clans se formeront autour de « in 20 years, better or worse ? ». Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis la seule dans l’équipe du drogué…
Et comme mon cheval de bois qui se balance sur son étagère, nous rentrons dans cette fameuse décapotable, le nez au ciel, dans les étoiles, en chantant « Halleluya » à tue-tête, sans se soucier du reste du monde, après en avoir tant parlé.
US National Parks
La traversée a été ponctuée par les visites des parcs nationaux qui jalonnent notre route. Des espaces immenses de nature, de forêts, où l’on peu passer plusieurs jours, voire une semaine complète en camping, à se balader et rencontrer toute sorte d’animaux, du petit lapin au gros ours, en passant par la chouette ou l’aigle.
Il y a aujourd’hui 59 parcs nationaux sur le territoire américain. Le plus connu, Yellowstone, est trop au nord de notre itinéraire, nous n’y passerons pas. Mais nous nous rabattrons sur d’autres merveilles : Bandelier, Great Sand Dunes, Arches, Canyonland, Mesa Verde, Monument Valley, Grand Canyon, Death Valley, Kings canyon, Sequoia ou encore Yosemite park ont rencontré notre chemin tout au long de cette aventure. C’est une féérie de nature et de moments de silence.
Les paysages, tous différents, que nous avons rencontré le long de notre périple, font état de la diversité et de la complexité de l’Amérique. Sont unies sous un même drapeau tant d’âmes vivant dans des conditions si différentes. Notre vision du monde est influencée par notre environnement direct. Ici, il y a tant de climats, de variétés de sol, de végétation différentes, que avec ces paysages changeants, nous avons aussi rencontré un peuple hétérogène venu avec sa culture des quatre coins du monde et qui tente de cohabiter sur ces terres gigantesques.
Louisiane, Texas, Arizona
Nous traverserons 11 États lors de ce périple, mais certains nous ont marqué plus que d’autres. La Louisiane, tout particulièrement, qui restera dans un coin de ma tête jusqu’à la retraite, avec ses bayous, ses habitants chaleureux, et ses décors improbables, mais aussi le Texas, qui, contrairement à ce qu’en pensent les habitants des États voisins, vaut le détour, avec une mention spéciale pour Austin et ses soirées débridées, ou encore l’Arizona, où nous avons rencontré un hippie vivant en caravane sur les routes car recherché pour possession d’arme, appris à tirer au fusil, escaladé des montagnes, et cherché les vortex de Sedona.
Californie
La traversée se termine sur un territoire particulier, la Californie. Ici c’est un doux été qui s’étire tout au long de l’année. Bordée par San Francisco au nord, et San Diego au sud, nous pouvons admirer la côte ouest des États-Unis se fondre dans l’océan Pacifique, le long d’un itinéraire magnifique, la road 1.
État le plus riche et le plus peuplé des USA, la Californie abrite de grandes universités et des chercheurs à la pointe de la technologie. Il n’est pas rare de rencontrer sur couchsurfing des ingénieurs et autres informaticiens travaillant dans la Silicon Valley.
Nous visiterons San Francisco, Los Angeles, nous perdrons le long des côtes dans les villes de Santa Cruz, Monterey et Santa Barbara, quitterons le confort de la voiture de location pour une fin de voyage à pieds, avant de rentrer passer nos derniers jours de vacances à New York, entre deux échelles.
Litanie nostalgique du dernier soir
Minuit, entre les échelles et les klaxons des voitures, dans la moiteur d’une chambre New Yorkaise pendant l’été indien, on attend.
Trois mois sont déjà passés depuis la première soirée ici, dans le lit de princesse. On a compté les jours, décompté les cartes postales, additionné les semaines et divisé le temps qu’il nous restait en fonction des États, de la distance parcourue, de la température, des rencontres, des ambiances, des humeurs et des parfums.
Et ces trois mois auront compté pour moi comme une nouvelle histoire. Se recréer un univers autour de soi, assurer sa sécurité, son confort, s’alléger au minimum, et réduire, toujours plus, la distance qui nous sépare de nous-même. Apprendre à se laisser guider par l’instinct, par le chauffeur de bus, par l’autre, par la chance. Apprendre à apprécier la présence des autres, à déserter la paranoïa, la peur d’être mal aimé, à se fondre dans le groupe, à se taire aussi quelquefois. Apprendre à laisser les émotions nous pénétrer, à accepter de respirer, à sentir l’odeur des fleurs.
Et là, on regarde en arrière pour la première fois, parce que devant nous il n’y a plus qu’un avion. Et on se souvient. De paysages, de paroles échangées, de promesses, de rires, de nuits trop longues ou de nuits trop courtes, d’instants éternels et d’heures interminables, de temps passants et de temps pressés, d’histoires échangées, de rencontres et de bonté. Et on se rend compte que l’on aime cette bonté qu’il y a dans le cœur de chaque personne rencontrée ici, et on pense à chez soi, à cette bonté qu’on n’avait jamais vue chez nous, dans notre pays, dans notre ville, dans nos proches, simplement parce qu’on ne savait pas où la chercher, qu’on ne savait pas l’accepter, qu’on avait peur de l’autre.
Quand j’ai montré les échelles de ces grands immeubles qui m’entourent à Youri, il a été si heureux de voir cette fenêtre ouverte sur un mur, et je me suis souvenue que moi aussi, la première fois que j’ai vu ces échelles, elles symbolisaient tellement pour moi, elles étaient si exotiques. Comme si dans chaque vis-à-vis il y avait quelque chose de magnifique, mais qu’on n’a pas toujours les bons yeux pour le voir.
Voyager, c’est regarder le monde avec les yeux des autres.
Mon meilleur souvenir de cet été, c’est notre dernier jour à Monterey, sur la côte ouest, dans la décapotable de notre couchsurfer qui nous montrait des coins magnifiques en bord de mer. A un moment très précis, un rayon de soleil chaud est venu se poser sur moi. C’est là que je me suis rappelée que l’endroit que j’aimerai toujours le plus sur la Terre, c’est le ciel, et qu’il sera toujours avec moi, partout.