Le couchsurfing, ou « surf de canapé » en français, est l’action de proposer son canapé (ou un lit, une chambre, le sol ou un bout de jardin pour planter la tente…) à un invité de passage dans notre ville, même si on ne connait pas la personne au préalable. Il s’agit de faire confiance à l’autre, pour héberger ou se faire héberger, en se basant sur son profil, les références laissées par d’autres voyageurs/hébergeurs et les premiers échanges que l’on a par e-mail ou téléphone.
Mon expérience de couchsurfing, commencée en 2010, a pour le moment plus été en tant que voyageuse qu’en tant qu’hôte, et bien que, dans un avenir proche, j’ai l’intention de remédier à cela en hébergeant à mon tour, je ne peux aujourd’hui que présenter le principe vu du côté nomade de la communauté.
Couchsurfing est un site internet qui se base sur une règle simple d’échange de services et de gratuité. Le but du projet est de faire se rencontrer des gens qui viennent de partout sur le globe, dans une forme d’entraide qui dépasse le système du « donnant-donnant ». Certaines personnes sont des voyageurs toute leur vie, certaines ne voyageront jamais et seront seulement des hôtes et certaines feront les deux. Même si la plupart des hôtes demandent à ce que les personnes qu’ils hébergent aient déjà hébergé quelqu’un eux aussi, c’est souvent plus pour que les invités comprennent le point de vue de l’hôte que pour une « justice équitable hébergeur-hébergé ».
Le site a 12 ans maintenant et a beaucoup évolué avec le temps. Il compte plus de 5 millions de membres répartis dans presque tous les pays du monde. Pour pouvoir accéder aux autres membres, il faut s’inscrire et remplir son profil, avec ses goûts, ses expériences, quelques photos de nous, de notre chez nous, et une description de notre canapé/lit/appartement…
Les recherches se font du voyageur vers l’hôte, par messagerie privée, ou alors par petite annonce sur un secteur géographique précis. Il s’agit de faire sa demande à quelqu’un qui partage certains de nos goûts, notre mode de vie et avec qui on pense pouvoir échanger quelque chose de concret. L’erreur est de prendre le site pour une plateforme d’hôtellerie gratuite. L’hôte attend de pouvoir avoir un échange avec son invité, et en principe l’invité aussi. Discuter des habitudes culturelles et culinaires du pays de l’hôte, échanger sur le monde, la philosophie, la politique, visiter ensemble la ville, partager un repas, boire un verre, ou autre. Il s’agit pour le voyageur d’avoir un contact dans la ville d’arrivée, pour ne pas être seul, pour avoir les bons plans pour vivre la ville comme un local, et pour l’hôte d’avoir de la visite d’un autre coin du monde, aider un autre voyageur, échanger sur sa culture et s’ouvrir à de nouvelles choses, et pourquoi pas être hébergé en retour si un jour on va visiter le pays de son invité.
Si le courant passe, ça ouvre souvent sur de belles aventures et de belles amitiés. J’ai gardé d’excellents souvenirs de certains de mes hôtes, avec qui j’ai pu échanger beaucoup. Le Couchsurfing réserve toujours des surprises, que ce soit le lieu d’hébergement qui parfois est un vrai paradis (j’ai eu quelques incroyables hôtes lors de mon voyage aux USA) ou l’hôte lui-même avec qui on découvrira plein de choses et on vivra de superbes histoires. Je suis toujours en contact avec certains d’entre-eux et j’espère pouvoir les héberger à mon tour un jour.
Il n’y a pas de règles sur comment faire un bon couchsurfing, mais il y a quelques rituels qui sont mis en place soit par les hôtes sur leur profil, soit par le voyageur, en fonction de comment il utilise le site. Pour moi il y a la nécessité de vivre des moments avec son hôte pendant le séjour. Je propose souvent de faire mes fameuses crêpes, de jouer de la musique ensemble, ou de faire des séances de yoga improvisés le matin au réveil. Certains hôtes ont aussi leurs habitudes. Certains vous laissent le canapé et les clefs et continuent leur vie comme si vous étiez le colocataire. On se retrouve le soir venu pour boire un coup. D’autres mettrons les petits plats dans les grands et vous emmèneront partout, vous inviteront à tous les repas et vous feront même des petits cadeaux…
Si la plupart du temps on fait de belles rencontres sur le site, on peut aussi parfois être déstabilisé par des hôtes bizarres, voire moins sympathiques. Je pense que cela arrive aussi aux hôtes d’avoir parfois des invités qui s’installent comme à l’hôtel et ne cherchent pas à échanger quoi que ce soit. Il m’est arrivé par exemple d’avoir un hôte avec qui le courant ne passait pas du tout pour des raisons politiques. J’étais allé dans sa ville pour aider les réfugiés syriens pendant une semaine et je l’avais prévenu de mon intention. Lui pensait que j’allais rester 2h une fois dans un camp puis que j’allais passer le reste du temps à faire la fête. Il avait “flaché” sur mes photos et ne s’était pas vraiment attaché à mon discours. Il s’est avéré qu’il était raciste et anti-réfugiés, ce qui a provoqué très rapidement un malaise entre nous. Malgré tout il est resté très courtois avec moi jusqu’à mon départ. Certains appartements vont aussi parfois avoir un niveau d’hygiène bien au dessous (ou un peu trop au dessus) de vos espérances. Cela aussi peut s’avérer dérangeant.
Ce qu’il faut se dire, c’est que plus on utilise le site, plus on est affuté pour déterminer les profils de personnes avec lesquelles on peu accrocher et celles qui ne nous correspondront pas. Aussi, avec le temps et l’expérience, on apprend à s’adapter à plus de configurations différentes. Aujourd’hui ce qui m’importe le plus dans l’appartement, c’est d’avoir un espace au calme pour dormir, même si c’est sur le sol avec mon sac de couchage, et une douche avec un minimum d’hygiène pour pouvoir me laver. Le reste, c’est juste pour la rencontre avec quelqu’un de sympa, de touchant, qui saura s’entendre avec moi, qui a plein d’histoires à échanger et de lieux insolites à me faire découvrir.
J’utilise le site quand je reste dans une ville entre 2 et 4 nuits et que j’ai du temps à consacrer à quelqu’un. Si c’est pour une seule nuit je prends un hôtel ou ma tente. C’est trop court pour un réel échange. Si je reste plus longtemps, j’utilise workaway. Faire du couchsurfing c’est une aventure en soi. Il ne faut pas voir ça comme une simple solution d’hébergement, mais comme un réel échange humain.